L’aide des égaux, le souci des egos
Les réseaux sociaux de type Facebook, Linkedin, Viadeo ou Twitter sont devenus des sources d’information, pour repérer les nouveautés, événements, idées, mobilisations, innovations, etc … Bien utilisés, ils peuvent être d’étonnants instruments pour gagner du temps (mais mal employés, ils peuvent vous en faire perdre beaucoup et nourrir des activités aussi narcissiques qu’inutiles). Dans la pratique, ils peuvent se transformer en instruments de veille partagée et de détection précoce.
– Soit comme une façon d’obtenir une information rapide et pertinente d’amis ou relations, avec qui l’on a souvent une passion en commun pour un même domaine ou dont on estime la compétence. Dans une perspective de coopération et d’altruisme, tout le monde échange ses bons tuyaux et indique ses découvertes les plus récentes, surtout sous forme de liens. Il existe d’ailleurs énormément de moyens de partager des favoris comme Diigo, ou Mister Wong. C’est commode pour retrouver ses propres sources d’information et pour y donner accès à un groupe, rien de plus, rien de moins. Dans ce cas, votre veille vaudra exactement ce que vaut votre réseau : les plus étendus ou les plus bavards ne sont pas les meilleurs. En revanche, une communauté compétente, formée par des gens avec qui vous avez en commun un intérêt et une expertise, peuvent être des aides considérables.
Donc à utiliser avec précaution et parallèlement à d’autres sources plus classiques.
– Soit la nature même de votre veille implique de se tenir au courant des mouvements d’opinion – par exemple de surveiller la e-réputation d’une entreprise ou d’une institution – et dans ce cas, vous cherchez moins une information sur le monde réel que sur ce que pensent des internautes. Donc sur des tendances de l’opinion mesurables en flux d’attention, en nombre de messages et dont il faut évaluer tonalité générale. Ce secteur est en pleine expansion. Il se redouble d’un domaine voué à la surveillance narcissique du Net (Suis-je connu ? Que dit-on de moi ?) que représentent très bien des sites comme Social Mention, ou Addict-O-Matic. Des néologismes sont apparus comme « social branding » ou « identité numérique » ou identitéweb qui suscitent chacun leurs sites ou leurs commentaires.
La veille sur la e-réputation, le repérage supposé des « e-influents » et/ou l’anticipation précoce des crises par la surveillance des médias sociaux sont des professions prometteuses, au moins à court terme. Des sociétés connues comme LexisNexis, Digimind, ou TrendyBuzz proposent des services de décèlement précoce des crises médiatiques ou de réputation, de repérage des influenceurs, de suivi des tendances portant sur une marque (ou sur une personnalité politique), d’anticipation des tendances du marché, de suivi de l’image des concurrents, etc.. C’est évidemment payant, mais cela reflète l’ampleur du phénomène.
D’importantes campagnes de communication (y compris la communication sensible ou de crise) laissent une place croissante aux médias sociaux et inspirent des méthodes comme la communication d’influence par le « hub management« , c’est-à-dire l’art de coordonner « juste à temps » la connaissance et l’usage de tous les médias qui peuvent avoir un impact sur votre projet stratégique (à commencer par les réseaux sociaux).
Il existe (et il se crée tous les jours) des agrégateurs ou de moteurs de recherche orientés réseaux sociaux. Par exemple Samepoint (petit service supplémentaire : repérage de mots positifs ou négatifs, mais en anglais), IceRocket (large place aux vidéos et aux images), Blogpulse (qui propose des profils des blogs concernés), Addict-o-Matic (un agrégateur spécialisé dans les réseaux sociaux et qui vous permet de créer l’équivalent d’une page Netvibes ou I-Google dans ce domaine) etc. Chacun a sa spécialité (sans parler des outils spéciaux que vous proposent Google, Yahoo ou autres), beaucoup sont pour anglophones.
Enfin, un phénomène à signaler : au-delà de l’effet de mode, la place importante des « curators« , un terme anglo-saxon qui signifie initialement conservateur (comme un conservateur de musée) et qui se décline en « digital » ou « content curator ». Il vaudrait mieux traduire par filtreurs ou sélecteurs de l’information numérique, encore que la notion de « commissaire d’exposition » (celui qui décide quelles oeuvres d’art issues de plusieurs musées prennent sens ensemble et méritent d’être présentées comme un ensemble signifiant au public) pourrait mettre tout le monde d’accord. On trouve facilement de bonnes analyses sur les phénomène curators : OWNI, Scoopit ou Cadderéputation (qui se penche sur la différence curator/veilleur).